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CINQUIÈME ÉPOQUE.

Cependant, l’état de chose s’empirant chaque jour, la place du Mans est mise en état de siège le 10 février, par le général Watrin, d’après les ordres du général en chef Hoche, et conformément à un arrêté du Directoire-Exécutif.

Le 16 du même mois, 1500 chouans vont attaquer la ville de Beaumont-sur-Sarthe. Surprise, non fortifiée, dépourvue de sa faible garnison sortie pour conduire quelques prisonniers ; cette ville ne doit son salut qu’à la fermeté de ses municipaux et au courage des habitans qui, après plusieurs heures d’un combat acharné, parviennent à forcer l’ennemi à se retirer avec perte de plusieurs hommes tués et d’environ soixante blessés. Plusieurs habitans perdirent la vie ou furent blessés dans ce combat, remarquable surtout en ce qu’on vit les femmes et les enfans des habitans, traverser les rangs sous le feu de l’ennemi, pour porter des secours aux blessés. Le lendemain de cette affaire, Beaumont ayant reçu un renfort de troupes, les chouans furent poursuivis et battus de nouveau à Ségrie et à Vernie, dans le même canton.

L’insuccès de l’expédition de l’Ile-Dieu, et la catastrophe de Quiberon, avaient commencé à jeter le découragement dans l’armée royaliste, où déjà l’on faisait de l’opposition. A la fin de décembre 1795, Charles, qui depuis reprit les armes et commanda les chouans dans la Sarthe, et qui était alors un des officiers de Stofflet, lui écrivait la lettre suivante, laquelle mérite d’entrer dans notre cadre, pour faire voir à quel point la dissension et la jalousie régnaient dans le parti royaliste et durent lui être funeste. « L’attachement que je vous ai voué, général, ne me permet plus de garder le silence sur les abus qui se glissent aujourd’hui dans le gouvernement vendéen. Tous vos officiers sont mécontens de la manière dont on les traite, du mépris qu’on affecte à leur égard, et des préférences qu’on accorde à des gens qui se disent nobles-émigrés et qui étalent de grands noms sans les avoir peut-être mérités. On n’appelle plus aujourd’hui au conseil que des émigrés,