Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CCCLXXXIX
CINQUIÈME ÉPOQUE.

Une lettre fut écrite par lui à la veuve Maguin, et, par arrêté du 27 brumaire, il ordonne que les « ministres de la justice et de la police générale se concerleront pour faire rechercher les provocateurs, auteurs, fauteurs et complices de l’assassinat du citoyen Maguin, pour les faire poursuivre avec la plus grande activité et pour accélérer leur jugement ; que l’un et l’autre ministres lui rendront compte, de cinq en cinq jours, de l’état et du résultat des recherches, poursuites et procédures ; que l’administration départementale proposera ses vues sur les moyens de venir au secours de la veuve Maguin. » De nombreuses arrestations eurent lieu dans la ville du Mans ; une instruction fut suivie ; elles ne conduisirent à aucun résultat : les personnes arrêtées, qui avaient été conduites à Paris, furent déchargées de l’accusation et mises en liberté. P. Renouard[1] attribue d’une manière formelle, l’assassinat du commissaire Maguin, à un chef de chouans que nous verrons bientôt paraître sur la scène, le chevalier de la Bolbène, surnommé Palakouski. L’opinion publique lui donne pour complices, d’autres hommes de son parti, appartenant à la population même du Mans. Mais on sait combien l’opinion publique est susceptible de prévention et d’erreurs, et combien il serait téméraire de répéter, sans preuves, l’accusation d’un crime aussi atroce, car, celui-là l’était d’autant plus, qu’on s’accorde à considérer la victime comme méritant moins par sa conduite modérée dans ses fonctions, le triste sort qui lui fut réservé. Ce crime ne fut pas le seul de ce genre ; chaque jour révélait le nom de nouvelles victimes tirées à bout portant par-dessus les haies, surprises et massacrées dans leurs maisons. Un jour (le 28 juillet 1798), on retira de la Sarthe, en face de la ville du Mans, le cadavre d’un homme d’environ trente ans, percé à la poitrine de trois coups d’une

  1. Essais hist. sur le Maine, t. II, p. 396.