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XXIII
SECONDE ÉPOQUE.

la où l’on ne voyait auparavant que l’ignorance, des cabanes et des forets. L’agriculture fit également des progrès : les marais et les landes firent place aux moissons ; la vigne fut plantée et ne fut pas le moindre présent fait par les vainqueurs aux peuples vaincus. Des routes, des chemins magnifiques, ou au moins praticables et solides, en ouvrant des communications des camps romains aux oppidum des Gaulois, facilitèrent les rapports qui s’établirent entre les uns et les autres, entre les différentes peuplades ou nations.

Cependant, l’état paisible dont jouissait la Gaule depuis trois quarts de siècle à peu près, fut troublé vers l’an 21 de l’ère nouvelle, que nous ne qualifierons plus. A la mort de Germanicus, le vengeur de Varus et de ses légions, deux gaulois illustres, Sacrovir, éduen, et Florus, trévirois, cherchèrent à rallumer dans les cités quelques étincelles de l’ancien amour de la liberté : les Turones et les Andes répondirent à cet appel et prirent les armes ; mais quelques cohortes romaines les eurent bientôt soumis, et, peu après, Florus et Sacrovir ayant été défaits, furent obligés de se donner la mort, pour échapper au supplice qui les attendait. Il est probable que les Cénomans ne restèrent pas étrangers à cette levée de boucliers.

Le silence de l’histoire sur les événemens de ces premiers tems, nous permet de placer ici une observation importante. C’est pendant ce premier siècle de l’occupation romaine, que les camps assez nombreux que nous aurons occasion de signaler et de décrire, durent être établis sur notre territoire. Ce n’étaient point de simples campemens de quelques jours ou de quelques mois, que les Romains appelaient subita, tumultuaria, temporanea ; mais des établissemens, des stations à demeure, qu’ils appelaient stativa ; et ce ne fut que sous Constantin, c’est à dire, au commencement du quatrième siècle, que l’usage de placer des cantonnemens dans les villes commença à s’établir.