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LXII
PRÉCIS HISTORIQUE,

A l’époque du règne de Thierry III, vers la fin du septième siècle, peu de personnes savaient lire, et, à défaut de savoir écrire, on ne souscrivait plus les actes, on y apposait le signe de la croix ; delà l’expression signer. L’usage du papyrus d’Egypte se perdit ; on se servit des vieux parchemins déjà écrits, dont on effaça les chefs-d’œuvres des anciens, pour y substituer des légendes et des chroniques, souvent fautives ou fabuleuses : telle est l’origine de ces fameux manuscrits appelés palimpsestes, que de studieux érudits s’occupent à déchiffrer de nos jours et à l’aide desquels ils parviennent à force de patience et de sagacité, à nous restituer ce qui avait disparu des écrits de Tacite, de Tite-Live, de Ciceron.

L’orgueil des Francs leur défendant le travail des mains, non-seulement les sciences et les arts furent négligés ; mais ce mépris des choses utiles influa sur l’agriculture et l’industrie : les armes furent l’unique profession de tout ce qui était libre ; les serfs indignes de l’honneur de les porter, furent chargés de la culture des terres, et le commerce abandonné aux Juifs.

On comptait alors en France trois classes d’habitans, celle des leudes ou nobles et grands, celle des hommes libres ou ingénus, et celle des serfs, « car, dit Baumanoir, tous les hommes libres ne sont pas gentils-hommes ; la noblesse s’y transmet par le père, la liberté par la mère : tous ceux qui ne jouissent ni de l’une ni de l’autre sont ou vilains, c’est-à-dire campagnards ou tributaires, ou bien esclaves. » Le vilain, ou l’esclave de la glèbe, ne pouvait, comme nous l’avons déjà dit, vendre la terre à laquelle il était attaché, sortir de celle de son seigneur, ni se marier sans sa permission : celui qui labourait, qui rompait la terre, était appelé roturier.

On distinguait trois sortes de biens, les propres ou alleux, dont on avait la disposition et que, à cette époque, on mit à l’abri des violences de la force en en faisant hommage au roi,