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jours dans les bassures entre les bancs ; l’enceinte se continue en y mettant alternativement des rets de bas parcs sur les piquets ou penchans. Ces rets tendent à demeure, parce que la marée qui survient les couvre facilement, & laisse passer le poisson sans le gêner ; ce qui n’arriveroit pas s’ils étoient tendus sur les hautes perches. Sur celles-ci ils placent des filets ; après ces filets placés sur les hautes perches, ils pratiquent des bas parcs jusqu’à ce que l’enceinte soit toute formée, observant que les crochets ou retours soient de rets de bas parcs montés sur leurs petits piquets.

Lorsque la marée est sur le point de s’en retourner, les pêcheurs hissent les lignes des poulies, dégagent les jets du sable qui les couvre, & les tient élevés à fleur d’eau, tandis qu’ils sont arrêtés au pié des perches, & qu’ils calent par des plombs. Ils restent ainsi tendus jusqu’à ce que la marée se soit retirée.

Ces sortes de pans ne prennent rien qu’au reflux de marée montante. Le fond exposé à la mer est ouvert par la distance des perches de jets, & les crochets des deux bouts regardent la terre.

On prend quelquefois beaucoup à cette sorte de pêcherie, sur-tout du poisson rond. Voyez ces parcs hauts-bas dans nos Planches.

PARCAGE, s. m. (Jurisprud.) est un droit qui est dû en quelques lieux au seigneur par ceux des habitans qui ont un parc où ils mettent leurs troupeaux. Voyez Despeisses, tom. III. liv. vj. sect. 11. (A)

PARCELLE, s. f. (Gramm.) petites parties d’un tout. Il y a des substances si precieuses que ceux qui les travaillent ont pris toutes sortes de précautions pour n’en pas perdre une parcelle. On dit que l’ame humaine est une parcelle de la divinité. Atque affigit humi divinæ particulam auræ, a dit Horace de celui qui s’abrutit par la crapule, ce qui arrivoit quelquefois au bon épicurien lui-même.

PARCEL-MAKERS, s. m. (Comm.) en Angleterre, ce sont deux officiers de la trésorerie qui font les parties des comptes des trésoriers sur lesquels ils emploient toutes choses qui ont été levées pour l’usage du roi durant le tems de leur gestion, & les livrent à un des auditeurs de la cour pour les ratifier. Voyez Trésoriers. Bill des parties, Voyez Bill.

PARCENERS, s. f. pl. (Jurisprud.) c’étoient les sœurs qui partageoient une hérédité ou tenement entr’elles comme cohéritiers. Voyez le troisieme livre des tenures, ch. j. & le glossaire de Lauriere au mot Parceners. (A)

PARCHASSER, v. act. (Vénerie.) c’est chasser une bête avec les chiens courans lorsqu’il y a deux ou trois heures qu’elle est passée. C’est ce que l’on appelle aussi rapprocher.

PARCHEMIN, s. m. (Botan.) il faut concevoir le parchemin ou le liber comme composé de plusieurs surfaces ou couches cylindriques & concentriques, dont le tissu est réticulaire, & dans quelques arbres réellement extensible en tous sens, parce que les fibres qui le forment sont molles & souples. Tant qu’elles sont en cet état, ou elles sont creuses, & sont des vrais canaux, ou si elles sont solides, leurs interstices sont des canaux. Le suc nourricier qu’elles reçoivent incessamment, & qui s’y arrête en partie, les fait croître en longueur & en grosseur, les affermit, & les rapproche les unes des autres. On peut supposer que les fibres longitudinales sont celles qui croissent le plus. Ainsi le tissu qui étoit réticulaire n’est plus qu’un composé de fibres droites posées verticalement & parallelement les unes auprès des autres, & en un mot, c’est une substance ligneuse. Ce changement est plus grand dans les couches du parchemin les plus proches du dernier aubier, & par conséquent c’est la couche la plus intérieure qui est

la premiere à s’y coller, & à devenir un aubier nouveau. (D. J.)

Parchemin, en Commerce, &c. c’est une peau de mouton ou de chevre préparée d’une maniere particuliere qui la rend propre à plusieurs usages, surtout à écrire & à relier les livres. Voyez Ecriture & Reliure.

Ce mot vient du latin pergamena, ancien nom de cette manufacture, qu’on dit lui être venu de la ville de Pergame, & dont l’invention est attribuée à Eumenès qui en étoit roi ; quoiqu’à dire vrai, ce prince semble plûtôt avoir perfectionné qu’inventé le parchemin ; car les anciens Perses, suivant Diodore, écrivoient toutes leurs histoires sur des peaux, & les anciens Ioniens, au rapport d’Hérodote, se servoient de peaux de moutons & de chevres pour écrire, même plusieurs siecles avant le tems d’Eumenès : nous ne devons pas douter que ces peaux ne fussent préparées pour l’usage auquel on les destinoit, de la même maniere que notre parchemin, quoique probablement avec moins d’art. Voyez Diodore de Sicile, liv. II. pag. 84. Hérod. liv. V. Prid. Connect. part. I. liv. VII. pag. 708.

Le parchemin est ébauché par le tanneur, & fini par le parcheminier ; cela forme un article très-considérable du commerce de la France ; il se fabrique dans la plûpart de ses villes, & indépendamment de la consommation qu’elle en fait au-dedans, elle en envoie une grande quantité au-dehors, sur-tout en Angleterre, en Flandre, en Hollande, en Espagne, & en Portugal.

Celui qu’on appelle parchemin vierge, & que le peuple supersticieux croit être fait de la coëffe dans laquelle sont enveloppés les enfans dans le sein de leur mere, n’est rien autre chose qu’un parchemin plus fin & plus mince que le reste, & qui est propre pour de certains usages, comme pour les éventails, &c. il est fait de peau d’agneau ou de chevreau avortés. Voyez l’article Vierge.

Maniere de fabriquer le parchemin. Le parchemin est une peau de bélier, mouton, ou brebis, ou quelquefois même de chevre, apprêtée de façon qu’on peut l’employer à différens usages, mais principalement à écrire & à couvrir des livres, registres, &c. L’usage du parchemin est beaucoup plus ancien que celui du papier, & avant l’invention de l’Imprimerie tous les livres s’écrivoient à la main ou sur du parchemin, ou sur du vélin. Le vélin est une espece de parchemin qu’on nomme ainsi, parce qu’il est fabriqué de la peau d’un veau mort-né, ou de celle d’un veau de lait ; mais il est beaucoup plus fin, plus blanc, & plus uni que le parchemin fait avec la peau de mouton ou celle d’une chevre. Les peaux destinées à fabriquer le vélin reçoivent les mêmes façons que le parchemin, à l’exception cependant qu’elles ne passent point par la chaux. On se sert du vélin pour écrire des livres d’église, pour dessiner des généalogies & des plans ; on peint aussi dessus en mignature, on y imprime des images ; enfin on l’emploie encore quelquefois à couvrir de petits livres rares & qu’on estime. Le vélin se fabrique dans les mêmes endroits que le parchemin, c’est-à-dire qu’il est du ressort du parcheminier à qui celui-ci donne la derniere main comme au parchemin ; mais comme l’une & l’autre de ces peaux passent avant par les mains du mégissier qui les dispose & qui leur donne en quelque sorte les façons principales, nous allons en donner un précis, renvoyant pour plus grand éclaircissement à l’article de la Mégisserie.

Aussi-tôt que les peaux ont été levées de dessus les béliers, moutons ou brebis, on les met tremper dans la riviere pendant un jour ou environ, puis on les lave bien afin d’en faire sortir le sang caillé & de nettoyer la laine, après quoi on les laisse