quentes, rendent par les selles des matieres noirâtres, éprouvent de nouveau ces hémorragies lorsque le ventre se resserre ; les urines dans ces circonstances sont bonnes lorsqu’elles sont troubles & qu’elles renferment un sédiment assez semblable à la semence ; mais le plus souvent elles sont aqueuses. (Prorrhet. l. I. sect. III. n°. xlviij.) Les urines noires sont quelquefois bonnes sur-tout dans les personnes mélancoliques, spléniques, après la suppression des regles & accompagnées de cette excrétion ou d’une abondante hémorragie du nez. Galien dit avoir connu une femme qui avoit été très-soulagée par l’évacuation de semblables urines. (Comment. in epid. l. III. n°. lxxjv.) Le même auteur assure que les urines huileuses, c’est-à dire qui en ont la couleur & la consistence, sans être grasses, sont souvent salutaires lorsqu’elles viennent après que la coction est faite. Hippocrate rapporte que dans une constitution épidémique, la strangurie, ou difficulté d’uriner, fut un des signes les plus assurés & les plus constans de guérison : plusieurs malades dans qui il l’observa, échapperent à un danger pressant ; aucun de ceux dans qui il s’est rencontré, n’est mort. La strangurie dura long-tems & fut même fâcheuse ; les urines étoient d’abord copieuses, changeantes, rouges, épaisses, & sur la fin douloureuses & purulentes. Epidem. l. I. stat. II. n°. x. Pythion, le premier malade dont il est parlé, Epidem. l. III. sect. I. eut le quarantieme jour de sa maladie, après que la crise fut faite, un abscès au fondement qui se termina heureusement par cette difficulté d’uriner.
II. Les urines peuvent êtres regardées comme un signe de crise prochaine ou comme une excrétion critique qui annonce & détermine la solution de la maladie. L’urine est un signe de crise, quand elle renferme un sédiment constant, blanc & poli ; elle l’annonce d’autant plus prochaine que le sédiment a paru plutôt. Il en est de même si après avoir été trouble & comme grasse, elle devient aqueuse : l’urine rougeâtre, & qui contient un sédiment de la même couleur, dénote la crise pour le septieme jour ; ou si elle paroît telle avant le tems ; mais si elle ne vient ainsi qu’après, c’est un signe que la crise se fera plus tard & très-lentement. L’urine qui renferme au quatrieme jour des nuages rouges, dénote, si les autres signes concourent, que la solution aura lieu le septieme. On doit s’attendre à une crise certaine dans les pleurésies, lorsque l’urine est rouge, & que le sédiment est poli ; elle sera prompte si le sédiment est blanc & l’urine verdâtre, fleurie, florida, εὔηθες. Si l’urine est rougeâtre & fleurie, mais avec un sédiment verd, poli & bien cuit, la maladie sera longue, orageuse, peut-être changera en une autre, mais ne sera pas mortelle. L’urine aqueuse ou troublée par de petits corpuscules inégaux & friables, indique un dévoiement prochain. Ne peut-on pas espérer une sueur, lorsque l’urine après avoir été ténue, devient épaisse ? Si la sueur a lieu, l’urine se charge d’écume. La même excrétion est annoncée par l’urine inégalement dense. coac. prænot. cap. XXVII. n. j. ij.- lxjv. Lorsqu’au commencement d’une fiévre aiguë l’hémorragie du nez est excitée par l’éternuement, & qu’au quatrieme jour l’urine renferme un sédiment, la maladie sera terminée heureusement le septieme. Ibid. cap. III. n°. lxv. L’urine qui paroît après les premiers jours de maladie avec des nuages, ou un sédiment convenable, est appellée cuite ; on la regarde avec raison comme un des signes assurés de coction ; mais les praticiens n’y font pas assez d’attention ; les uns parce qu’ils regardent les coctions & les crises comme des futilités de la doctrine d’Hippocrate qu’ils méprisent & qu’ils ne connoissent assurément pas ; les autres parce qu’ils croient trouver dans d’autres signes des lumieres suffisantes.
Les urines sont elles-mêmes la matiere de l’excrétion critique, & en conséquence un signe très-avantageux dans les maladies aiguës, lorsqu’elles viennent les jours critiques en grande quantité, quoique ténues, plus encore si elles sont épaisses, vitrées, purulentes ; si elles renferment beaucoup de sédiment, (coac. prænot. cap. iij. n°. 46 & 48.) les abscès aux oreilles qui surviennent aux fievres ardentes, & qui n’apportent aucun soulagement, sont mortels, à moins qu’il ne se fasse une hémorragie par le nez, ou que les urines coulant abondamment ne soient remplies d’un sédiment très-épais. (ibid. cap. v. n°. 19.) Les urines sur-tout accompagnées de dévoiement sont aussi critiques dans les boursouflemens assez ordinaires des hyppochondres. (ibid. cap. xj. n°. 3.) Les convulsions, soit fixes, soit avec extinction de voix, sont terminées par un flux abondant & subit d’urines vitrées (ibid. cap. xiv. n°. 12. & 13.) Les urines extrémement épaisses, & contenant beaucoup de sédiment, préviennent les abscès qui ont coutume de se former à la suite des fluxions de poitrine, soit aux oreilles, soit aux parties inférieures ; & si l’abscès se forme, & que l’évacuation des urines n’ait pas lieu, il est à craindre que le malade ne devienne boiteux, ou ne soit considérablement incommodé. (ibid. cap. xvj. n°. 19 & 20.) Les dépôts qu’on a sujet de craindre dans l’articulation, sont empêchés par une excrétion abondante d’urine épaisse & blanchâtre, telle qu’elle se fait ordinairement le quatrieme jour dans les fievres avec lassitude. (aphor. 74. lib. IV.) Archigene, dont il est fait mention, epidem. lib. VI. comment. IV. n°. 2. fut délivré d’un abscès par cette excrétion. Il conste par plusieurs observations que des abscès dans la poitrine, dans le foie, des empyemes, des vomiques, se sont entierement vuides par des urines bourbeuses & purulentes ; les voyes par lesquelles la nature ménage cette évacuation, sont absolument inconnues ; mais le fait est bien avéré : personne n’ignore de quelle utilité est dans l’hydropisie, la leucophlegmatie, l’anasarque, un flux abondant d’urines. Les urines sont la principale & la plus salutaire crise dans les maladies du foie, leur excrétion se ressent aussi très-promptement des dérangemens dans l’action de ce viscere ; les maladies des reins & des voies urinaires ont aussi leur crise prompte, facile & naturelle par les urines ; l’inflammation de la vessie si dangereuse se termine très-bien par l’excrétion d’urines blanchâtres, purulentes, & qui contiennent un sédiment poli. (prognostic. lib. II. n°. 81. Le pissement de sang qui arrive rarement sans fievre & sans douleur, n’annonce rien de mauvais, il prouve au contraire la solution des lassitudes. (prorhet. lib. II.)
Pour porter un jugement plus assuré sur l’état critique des urines, & sur les avantages qu’on doit en attendre, il faut examiner si la coction est faite, si le tems de la crise est arrivé, & si les signes critiques paroissent, sur-tout ceux qui annoncent qu’elle aura lieu par les voies urinaires. Tels sont la pesanteur des hyppochondres, la constipation, un sentiment de gonflement vers la vessie, des envies fréquentes d’uriner, des ardeurs en urinant, sur-tout à l’extrémité de l’uretre, l’absence des signes qui indiquent les autres excrétions, l’hiver de l’âge & de l’année, le tissu de la peau serré, concourent aussi à faciliter, & par conséquent à dénoter cette évacuation. Mais de tous les signes, le plus lumineux & le plus sûr est celui qu’on tire de l’état du pouls, tel qu’il a été déterminé par M. Bordeu. Voyez Pouls. A l’approche d’urines critiques, le pouls devient, suivant cet exact observateur, inégal, mais avec régularité, plusieurs pulsations moindres les unes que les autres, vont en diminuant se perdre pour ainsi dire sous le doigt, & c’est dans ce même ordre qu’el-