Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/229

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gorge, on avait de la peine à lui faire dire A, mais une fois en train, il allait de lui-même jusqu’à la fin de l’alphabet.

J’étais dans la grange de Suzon, seul avec elle.

Le maître.

Et tu n’y étais pas pour rien ?

Jacques.

Non. Lorsque le vicaire arrive, il prend de l’humeur, il gronde, il demande impérieusement à Suzon ce qu’elle faisait en tête-à-tête avec le plus débauché des garçons du village, dans l’endroit le plus reculé de la chaumière.

Le maître.

Tu avais déjà de la réputation, à ce que je vois.

Jacques.

Et assez bien méritée. Il était vraiment fâché ; à ce propos il en ajouta d’autres encore moins obligeants. Je me fâche de mon côté. D’injure en injure nous en venons aux mains. Je saisis une fourche, je la lui passe entre les jambes, fourchon d’ici, fourchon de là, et le lance sur le fenil, ni plus ni moins, comme une botte de paille.

Le maître.

Et ce fenil était haut ?

Jacques.

De dix pieds au moins, et le petit homme n’en serait pas descendu sans se rompre le cou.

Le maître.

Après ?

Jacques.

Après, j’écarte le fichu de Suzon, je lui prends la gorge, je la caresse, elle se défend comme cela. Il y avait là un bât d’âne dont la commodité nous était connue ; je la pousse sur ce bât.

Le maître.

Tu relèves ses jupons ?

Jacques.

Je relève ses jupons.

Le maître.

Et le vicaire voyait cela ?