Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/68

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mais il est plusieurs de ses ouvrages dont son amitié avait bien voulu nous confier la première minute. Ce dépôt nous est d’autant plus précieux que nous ne nous permettrons jamais d’en faire un autre usage que celui que nous en avons fait jusqu’ici, de son aveu, dans ces feuilles auxquelles il n’avait cessé de prendre un intérêt que tous nos efforts ne sauraient suppléer, et qui suffirait seul pour nous laisser d’éternels regrets, quand nous partagerions moins vivement tous ceux dont la perte de cet homme célèbre afflige les lettres, la philosophie et l’amitié. »


Nous avons fait des démarches pour savoir si quelque monument, quelque inscription rappelaient à Saint-Roch le fait de l’inhumation de Diderot et de celle du baron d’Holbach, qui fut placé comme lui, en 1789, dans le même caveau de la chapelle de la Vierge. Nos recherches n’ont point abouti. M. Walferdin, qui avait eu la même préoccupation, dit dans une des préfaces des Salons qu’il a publiés dans la Revue de Paris en 1856 qu’il avait été répondu à ses demandes qu’un calorifère occupait aujourd’hui le caveau en question. Quant à nous, M. le curé de Saint-Roch nous a renvoyé à M. l’architecte de la ville, lequel nous a renvoyé à M. le curé, et en fin de compte il nous a été affirmé à la sacristie que le caveau de la chapelle de la Vierge, aujourd’hui muré et scellé ainsi que celui du chœur, ne contenait plus de souvenir commémoratif d’aucun genre, tout ce qui existait d’œuvres d’art ou d’inscriptions dans ces caveaux ayant été replacé, depuis la Révolution, dans l’église même.

M. Jules Cousin, qui a étudié Saint-Roch au point de vue des monuments[1] que cette église contient, suppose que Diderot fut simplement

    qu’il disposât de ma vie, je recommande à ma femme et à mes enfants de remettre tous mes manuscrits à M. Naigeon, qui aura pour un homme qu’il a tendrement aimé et qui l’a bien payé de retour, le soin d’arranger, de revoir et de publier tout ce qui lui paraîtra ne devoir nuire ni à ma mémoire ni à la tranquillité de personne. C’est ma volonté et j’espère qu’elle ne trouvera aucune contradiction. — Paris, ce 3 juin 1773. »

    Le fac-similé de cette pièce, communiquée par M. Berthevin, a paru dans l’Isographie des hommes célèbres.

    Malgré la recommandation de Diderot, Naigeon ne put réunir la totalité des manuscrits de son ami. Il en restait un certain nombre dans les mains de Grimm. D’après ce qu’on lit dans la note ci-dessus, celui-ci se crut autorisé à en disposer. Mais les parties de sa Correspondance, dans lesquelles il donna, entre autres choses, d’assez longs extraits de la Réfutation de l’Homme, d’Helvétius, n’ont pas été publiées encore. Nous avons, grâce à l’obligeance de M. Lorédan Larchey, retrouvé ces pages supprimées à la Bibliothèque de l’Arsenal, dans les papiers de Suard. C’est sans doute avec leur aide que Naigeon a pu donner une idée de l’œuvre, idée exacte comme le prouve la copie complète de ce même travail, faite à l’Ermitage par M. Léon Godard.

    La cause principale de l’impossibilité où se trouva Naigeon de remplir la tâche qui lui était assignée, fut, en effet, l’obligation imposée à la veuve du philosophe de livrer à l’acquéreur de la bibliothèque livres et manuscrits. C’est donc à Saint-Pétersbourg que tout cela dut être transporté avant que l’éditeur désigné eût eu le temps d’en prendre une connaissance détaillée. Quant aux autres manuscrits conservés par Grimm, ils furent emportés par lui à Gotha pendant la Révolution. Mais il devait en exister des copies puisque c’est alors que parurent la Religieuse et Jacques le Fataliste.

  1. Revue universelle des arts, t. XI.