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RÉPONSE DE DIDEROT
À L’EXAMEN DU PROSÉLYTE RÉPONDANT PAR LUI-MÊME


J’ai été très-honoré, monsieur, de la critique que vous avez faite de mon dialogue en réponse au vôtre : je vous dois surtout des remerciements pour le ton de modération et de douceur avec lequel vous m’avez combattu ; voilà comme on devrait toujours chercher la vérité. Comme mon dessein n’est pas d’entrer en controverse réglée, je ne ferai pas de réponse suivie à cette seconde pièce : je me contenterai de quelques remarques sur certains endroits qui m’ont paru peu justes. J’espère que la liberté avec laquelle je continuerai de m’expliquer, ne vous déplaira pas. Tous les hommes ne peuvent pas avoir les mêmes sentiments ; mais tous sont obligés d’être sincères : et on n’est pas coupable pour être dans l’erreur, mais pour trahir la vérité. Venons à votre examen.

Avouez, dites-vous d’abord, que vous avez moins travaillé à vous instruire de la religion, qu’à lire les écrits de ses adversaires ; que vous avez penché tout d’un côté, etc. Cette imputation n’est pas dans l’équité. Quelle preuve avez-vous de la partialité que vous m’attribuez, si ce n’est que je ne pense pas comme vous ?

Il faut distinguer les célibataires par goût et par commodité, d’avec ceux qui embrassent cet état par des motifs de religion. Les uns et les autres ont tort ; que ce soit par goût, ou par un zèle mal entendu qu’on embrasse le célibat, la société n’y perd pas moins. Mais, direz-vous, la religion le conseille. C’est ce qui dépose contre elle.

L’Angleterre n’a pas gagné, pour les mœurs, plus que la France, à la philosophie ; c’est dans ces deux pays qu’elles sont le plus dépravées. Il faut être de bien mauvaise humeur contre la philosophie, pour l’accuser d’avoir corrompu les mœurs en