Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/191

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dus ; il y a du plus ou du moins en tout : notre discours est toujours en deçà ou au delà de la sensation. On aperçoit bien de la diversité dans les jugements, il y en a mille fois davantage qu’on n’aperçoit pas, et qu’heureusement on ne saurait apercevoir… Adieu, adieu.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Encore un mot, de grâce.

BORDEU.

Dites donc vite.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Vous souvenez-vous de ces sauts dont vous m’avez parlé ?

BORDEU.

Oui.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Croyez-vous que les sots et les gens d’esprit aient de ces sauts-là dans les races ?

BORDEU.

Pourquoi non ?

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Tant mieux pour nos arrière-neveux ; peut-être reviendra-t-il un Henri IV.

BORDEU.

Peut-être est-il tout revenu.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Docteur, vous devriez venir dîner avec nous.

BORDEU.

Je ferai ce que je pourrai, je ne promets pas ; vous me prendrez si je viens.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Nous vous attendrons jusqu’à deux heures.

BORDEU.

J’y consens.