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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/249

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OROU.

Tu sais au moins par quelle raison, étant homme, tu t’es librement condamné à ne pas l’être ?

L’AUMÔNIER.

Cela serait trop long et trop difficile à t’expliquer.

OROU.

Et ce vœu de stérilité, le moine y est-il bien fidèle ?

L’AUMÔNIER.

Non.

OROU.

J’en étais sûr. Avez-vous aussi des moines femelles ?

L’AUMÔNIER.

Oui.

OROU.

Aussi sages que les moines mâles ?

L’AUMÔNIER.

Plus renfermées, elles sèchent de douleur, périssent d’ennui.

OROU.

Et l’injure faite à la nature est vengée. Oh ! le vilain pays ! Si tout y est ordonné comme ce que tu m’en dis, vous êtes plus barbares que nous.

Le bon aumônier raconte qu’il passa le reste de la journée à parcourir l’île, à visiter les cabanes, et que le soir, après avoir soupé, le père et la mère l’ayant supplié de coucher avec la seconde de leurs filles, Palli s’était présentée dans le même déshabillé que Thia, et qu’il s’était écrié plusieurs fois pendant la nuit : Mais ma religion ! mais mon état ! que la troisième nuit il avait été agité des mêmes remords avec Asto l’aînée, et que la quatrième nuit il l’avait accordée par honnêteté à la femme de son hôte.


IV.


SUITE DU DIALOGUE.


A. J’estime cet aumônier poli.

B. Et moi, beaucoup davantage les mœurs des Taïtiens, et le discours d’Orou.