Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/31

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ne lui viendra pas de son travail ; mais elle travaille sans relâche. Au contraire, la philosophie rationnelle pèse les possibilités, prononce et s’arrête tout court. Elle dit hardiment : on ne peut décomposer la lumière : la philosophie expérimentale l’écoute, et se tait devant elle pendant des siècles entiers ; puis tout à coup elle montre le prisme[1], et dit : la lumière se décompose.


XXIV.


esquisse de la physique expérimentale.


La physique expérimentale s’occupe en général de l’existence, des qualités, et de l’emploi.

L’existence embrasse l’histoire, la description, la génération, la conservation et la destruction.

L’histoire est des lieux, de l’importation, de l’exportation, du prix, des préjugés, etc…

La description, de l’intérieur et de l’extérieur, par toutes les qualités sensibles.

La génération, prise depuis la première origine jusqu’à l’état de perfection.

La conservation, de tous les moyens de fixer dans cet état.

La destruction, prise depuis l’état de perfection jusqu’au dernier degré connu de décomposition ou de dépérissement ; de dissolution ou de résolution.

Les qualités sont générales ou particulières.

J’appelle générales celles qui sont communes à tous les êtres, et qui n’y varient que par la quantité.

J’appelle particulières, celles qui constituent l’être tel ; ces dernières sont ou de la substance en masse, ou de la substance divisée ou décomposée.

L’emploi s’étend à la comparaison, à l’application et à la combinaison.

La comparaison se fait ou par les ressemblances, ou par les différences.

L’application doit être la plus étendue et la plus variée qu’il est possible.

La combinaison est analogue ou bizarre.

  1. Newton est, comme on le sait, l’auteur de cette grande découverte.