l’arbre et tomber ; il réfléchit à la cause de la pesanteur, et il soupçonne que la force qui précipite les graves vers le rentre de la terre, retient les corps célestes dans leurs orbites : il compare cette idée avec les observations astronomiques, et il découvre la loi de l’univers ; et l’auteur appelle cela un hasard.
Galilée voit tomber les corps, il s’aperçoit que leur vitesse s’accroît à chaque instant : il cherche par l’expérience quelle est la loi de cette accélération, et il découvre que les espaces parcourus dans des temps égaux sont comme la suite des nombres impairs ; et l’auteur appelle cela un hasard.
Rœmer présume que la vitesse de la lumière n’est pas instantanée ; il cherche dans les tables les temps de l’immersion et de l’émersion d’un satellite de Jupiter ; il observe et s’aperçoit que le satellite se voit encore lorsqu’il devrait être caché derrière la planète, et qu’on ne le voit pas encore lorsqu’il devrait en être sorti : d’où il conclut que la différence de l’immersion ou de l’émersion à l’apparition ou la disparition du satellite, est la durée précise que la lumière emploie à parcourir l’espace du satellite ou de Jupiter jusqu’à la terre ; et l’auteur appelle cela un hasard.
Et comme les hasards sont faits également pour tous les hommes communément bien organisés, l’auteur conclut de là l’égalité des esprits : une méthode pour faire des gens de génie. En vérité cela fait pitié.
Dites-lui : C’est la nature, c’est l’organisation, ce sont des causes purement physiques qui préparent l’homme de génie ; ce sont des causes morales qui le font éclore ; c’est une étude assidue, ce sont des connaissances acquises qui le conduisent à des conjectures heureuses ; ce sont ces conjectures vérifiées par l’expérience qui l’immortalisent. Il vous répondra : Moi, je ne vois dans tout cela qu’un enchaînement de hasards, dont le premier est son existence et le dernier sa découverte ; et il n’y a point d’hommes communément bien organisés qui n’aient apporté en naissant l’aptitude au même sort et à la même illustration.
Cette vision me console et doit en consoler bien d’autres ; car quel est l’homme assez insensé pour être humilié d’une prédilection du hasard ? Quel est l’homme qui ne puisse se regarder