Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/393

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maisons dont chacune a son propriétaire. Paris semble n’être qu’une grande maison commune, où tout appartient à tous jusqu’aux femmes ; c’est ainsi qu’il n’y a aucune condition qui n’emprunte quelque chose de la condition au-dessus d’elle ; toutes se touchent par quelques points. La cour reflète sur les grands et les grands reflètent sur les petits. De là un luxe d’imitation, le plus funeste de tous : un luxe, ostentation de l’opulence dans un petit nombre, masque de la misère dans presque tous les autres. De là une assimilation qui brouille tous les rangs : assimilation qui s’accroît par une affluence continuelle d’étrangers à qui l’on s’habitue à faire politesse, ici par l’usage, là par l’intérêt. Celui qui a fait parmi nous un séjour de sept à huit mois et qui ne nous a pas trouvés tels, ou ne s’est pas soucié de nous voir, ou nous avait apporté quelque défaut rebutant qui nous éloignait de son commerce, ou bien il était entêté de quelque prévention qui l’empêchait de nous observer avec impartialité. La première connaissance est peut-être difficile à faire, surtout pour une femme étrangère ; mais la première connaissance faite en donne promptement un grand nombre d’autres.

Page 20. — Quelle que soit notre uniformité nationale, on découvre toujours quelque différence entre les caractères et les esprits des individus ; mais il faut du temps.

Et c’est peut-être une des raisons pour laquelle la comédie est si difficile à faire parmi nous.


CHAPITRE III.


Ibid. — L’homme le plus impérieux tremble dans la caverne du lion.

C’est-à-dire que l’homme le plus colère, ne l’est pas entre les bras de sa maîtresse. Qu’est-ce que cela prouve ?

C’est-à-dire que l’homme le plus voluptueux, lorsque ses forces sont épuisées, sent peut-être du dégoût pour les femmes. Qu’est-ce que cela prouve ?

Page 21. — L’arbre qu’on tiendra longtemps courbé perdra son élasticité.

Je le crois, je crois même qu’il n’y a aucune qualité physi-