Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/430

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raisonnable de réduire la richesse à ses seuls avantages naturels par une institution qui n’exige qu’un acte pur et simple de la volonté du souverain ; il ne serait même question que de généraliser une loi qui subsiste déjà dans quelques cas particuliers où les bons effets en sont évidents. Toutes les chaires de notre Faculté de droit sont abandonnées au concours, et il n’y en a pas une qui ne soit remplie par un homme de mérite.


CHAPITRE XVI.


Page 113. — L’amour de l’argent est destructif des talents, du patriotisme et de la vertu.

Oui, de l’argent représentatif de tout mérite, je l’accorde ; de l’argent représentatif des seules voluptés, je le nie.

Pourquoi veut-on avoir de l’or, et puis quoi ? encore de l’or ? C’est qu’avec de l’or on a tout : de la considération, du pouvoir, des honneurs, et même de l’esprit.

Qu’avec de l’or on n’ait que les choses qui se payent, et que l’on soit privé de toutes celles qui ne s’escomptent pas, et l’or sera très-innocent ; la bienfaisance, l’humanité, la commisération en seront même plus communes. Aujourd’hui que l’argent est tout, on est et l’on doit être avare d’un écu ; un écu est trop de choses à la fois pour en être libéral.

Je ne sais si le ministère en serait également avide, mais il ne pourrait perdre de ses prérogatives sans que la nation en devînt moins avare.


CHAPITRE XVIII.


Page 121. — Qui se déclare protecteur de l’ignorance, se déclare l’ennemi de l’État.

Or, qui se déclare ennemi de l’or, sans restriction, se déclare, ou je me trompe fort, protecteur de l’ignorance.


NOTES.


Page 127. — Le monarque doit être avare du bien de ses sujets.

Cela me rappelle un mot de l’impératrice de Russie régnante.