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NOTICE PRÉLIMINAIRE




L’Entretien avec la Maréchale, car c’est ainsi qu’on le désigne habituellement, est une des perles les plus précieuses de l’écrin philosophique de Diderot. C’est aussi l’un de ses derniers petits papiers. Il fut publié presque aussitôt qu’écrit, et c’est encore à la Correspondance secrète que nous en devons la primeur. Métra, dernier venu dans ce métier de nouvelliste à l’usage de l’étranger, devait lutter de vitesse avec ses rivaux et il y réussissait souvent. Il avait — ou plutôt ses fournisseurs — des relations mondaines nombreuses et bien informées ; aussi peut-on tenir pour autre chose qu’une vanterie ces mots dont il fait précéder l’Entretien dans son numéro du 23 juillet 1776 (vol. III, p. 152) :

« À propos de productions philosophiques, voici un opuscule très-piquant que M. Diderot a tiré de son portefeuille pour en faire hommage à une belle dame qui m’a permis d’en prendre une copie. »

Cet Entretien reparut à la suite des Pensées philosophiques en français et en italien, dans un recueil où il était attribué à Thomas Crudeli, Londres (Amsterdam), 1777. Cette version, qui a passé jusqu’à ce jour pour l’édition originale de l’Entretien, est précédée de l’avis au lecteur suivant :

« Crudeli, si connu par ses poésies et par d’autres ouvrages, avait une manière de penser fort libre, et ses affaires avec l’inquisition ne prouvent que trop qu’il ne la dissimulait guère. Il a laissé quelques manuscrits, entre lesquels on a trouvé le dialogue suivant. Nous doutons qu’il ait jamais été imprimé, quoique quelques personnes prétendent le contraire. Nous l’avons traduit d’après une copie manuscrite très-incorrecte, qu’il a fallu restituer en plusieurs endroits. Les interlocutions n’étaient point distinguées : souvent on était exposé à attribuer à un des personnages ce qui appartenait à l’autre. Plus souvent cette inattention