Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/80

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d’abord en repos ; car on sentira que c’est faire une abstraction dont on ne peut rien conclure. L’existence n’entraîne ni le repos ni le mouvement ; mais l’existence n’est pas la seule qualité des corps.

Tous les physiciens qui supposent la matière indifférente au mouvement et au repos, n’ont pas des idées nettes de la résistance. Pour qu’ils pussent conclure quelque chose de la résistance, il faudrait que cette qualité s’exerçât indistinctement en tout sens, et que son énergie fût la même selon toute direction. Alors ce serait une force intime, telle que celle de toute molécule ; mais cette résistance varie autant qu’il y a de directions dans lesquelles le corps peut être poussé ; elle est plus grande verticalement qu’horizontalement.

La différence de la pesanteur et de la force d’inertie, c’est que la pesanteur ne résiste pas également selon toutes directions ; au lieu que la force d’inertie résiste également selon toutes directions.

Et pourquoi la force d’inertie n’opérerait-elle pas l’effet de retenir le corps dans son état de repos et dans son état de mouvement, et cela par la seule notion de résistance proportionnée à la quantité de matière ? La notion de résistance pure s’applique également au repos et au mouvement ; au repos, quand le corps est en mouvement ; au mouvement, quand le corps est en repos. Sans cette résistance, il ne pourrait y avoir de choc avant le mouvement, ni d’arrêt après le choc ; car le corps ne serait rien.

Dans l’expérience de la boule suspendue par un fil, la pesanteur est détruite. La boule tire autant le fil, que le fil tire la boule. Donc la résistance du corps vient de la seule force d’inertie.

Si le fil tirait plus la boule que la pesanteur, la boule monterait. Si la boule était plus tirée par la pesanteur que par le fil, elle descendrait, etc., etc.