Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/456

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histoire ; les principes spéculatifs avec la longue chaîne des conséquences qu’on en a déduites, sa théorie ; l’application de la science à l’usage, sa pratique.

L’érudition ou l’historique plus ou moins étendu appartient à tous. La science ou la somme des connaissances qui la constituent, et la pratique sont réservées aux gens du métier.


DIFFÉRENCE DE L’ORDRE DES ÉTUDES DANS UN OUVRAGE OU DANS UNE ÉCOLE.

La distribution de l’ordre des études dans une école n’est point du tout celle qui conviendrait dans un ouvrage scientifique.

L’écrivain se laissera conduite par le fil naturel qui enchaîne toutes les vérités, qui les lie dans son esprit et les amène sous sa plume ; mais sa méthode ne peut convenir à un enseignement public.

Ou il rapportera toute la connaissance humaine aux principales facultés de notre entendement, comme nous l’avons pratiqué dans l’Encyclopédie, rangeant tous les faits sous la mémoire ; toutes les sciences sous la raison ; tous les arts d’imitation sous l’imagination ; tous les arts mécaniques sous nos besoins ou sous nos plaisirs ; mais cette vue qui est vaste et grande, excellente dans une exposition générale de nos travaux, serait insensée si on l’appliquait aux leçons d’une école, où tout se réduirait à quatre professeurs et à quatre classes : un maître d’histoire, un maître de raison, une classe d’imitation, une autre de besoin. Ici l’on ne formerait que des historiens ou des philosophes ; là que des orateurs, ou des poëtes ou des ouvriers.

Il est encore deux points de vue sous lesquels on peut embrasser la science universelle, points de vue très-généraux, l’homme et la nature, l’homme seul et l’homme en société. Mais de l’une de ces divisions je vois éclore pêle-mêle des physiciens, des naturalistes, des médecins, des astronomes et des géomètres ; de l’autre, des historiens, des moralistes en vers et en prose, des jurisconsultes, des politiques ; la science de la robe, de l’épée et de l’église ; mais combien d’études préliminaires essentielles et communes à tous ces états !

Que conclure de là ? Que, comme je l’ai insinué plus haut,