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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/496

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L’art imite les actions de l’homme, ses discours et les phénomènes de la nature.

L’histoire se conforme rigoureusement à la vérité.

L’éloquence l’embellit et la colore.

La poésie, plus soucieuse de la vraisemblance que de la vérité, l’agrandit en l’exagérant.

Il importe donc que les préceptes de l’art oratoire et de la poésie aient été précédés :

1° D’un traité du vrai, du vraisemblable et de la fiction, du vrai absolu et du vrai de convenance ;

2° D’un traité de l’imitation de la nature ;

3° D’une exposition de ce que c’est que la belle nature et de son choix, d’après la convenance ;

Surtout appuyer ces principes de beaucoup d’exemples.

4° D’un traité du bon et du beau, qui n’est jamais que l’éclat du bon ; du sublime, qui n’est que l’éclat du bien ou du mal, accompagné d’un frisson qui naît, ou de la grandeur, ou du péril, ou de l’intérêt.

LIVRES CLASSIQUES SUR CES PRÉLIMINAIRES DE L’ÉLOQUENCE ET DE LA POÉSIE.

Il y a l’ouvrage de l’abbé Batteux, intitulé les Beaux-Arts réduits à un même principe, commentaire d’une ligne du chancelier Bacon, livre acéphale mais utile où il n’y a qu’un chapitre à suppléer, le premier : ce que c’est que la belle nature[1].

Le Traité du sublime, de Longin.

Les Réflexions sur la poésie et sur la peinture, de l’abbé Dubos.

Mais surtout Du choix et de la place des mots, par Denys d’Halicarnasse[2], ouvrage profond.

On s’occupera ensuite de l’harmonie.

De l’harmonie en général et relative à l’organe.

De l’harmonie imitative ou relative aux passions de l’homme et aux phénomènes de la nature, harmonie qui contredit quelquefois l’harmonie de l’oreille et qui la blesse avec succès.

Le mot propre se supplée, l’harmonie ne se supplée jamais. L’harmonie qui flatte l’organe s’apprend ; celle qui naît de la

  1. Voyez la Lettre sur les Sourds-Muets, t. Ier, p. 385.
  2. Traité de l’Arrangement des mots, traduit par l’abbé Batteux.