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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/520

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le courant des affaires journalières l’emporte ; quel remède à cet inconvénient ? de suppléer à son génie ? non, mais bien au temps qui lui manque par les observations et les conseils de tous les habiles gens répandus dans les différentes contrées de l’Europe. Je n’en connais pas un dans la mienne qui ne soit honoré de sa correspondance.

Ses ministres lui seraient encore très-utiles dans l’exécution de ses projets ; qui pourrait mieux qu’eux approprier à la Russie les lumières et la sagesse des contrées qu’ils habitent et qu’ils étudient par devoir ?

Cette dernière observation peut être ajoutée à un feuillet que j’ai laissé à Sa Majesté Impériale sur les moyens de rendre les ambassadeurs bons à quelque chose[1].


QUATRIÈME FACULTÉ D’UNE UNIVERSITÉ
FACULTÉ DE THÉOLOGIE[2].


Le prêtre, bon ou mauvais, est toujours un sujet équivoque, un être suspendu entre le ciel et la terre, semblable à cette figure[3] que le physicien fait monter ou descendre à discrétion, selon que la bulle d’air qu’elle contient est plus ou moins dilatée. Ligué tantôt avec le peuple contre le souverain, tantôt avec le souverain contre le peuple, il ne s’en tient guère à prier les dieux que quand il se soucie peu de la chose. Le peuple n’approuve guère que ce qui est bien ; le prêtre, au contraire, n’approuve guère que ce qui est mal. L’auguste de ses fonctions lui inspire un tel orgueil, qu’ici le vicaire de Saint-Roch est plus grand à ses propres yeux que le souverain : celui-ci ne fait que des nobles, des ducs, des ministres, des généraux ; qu’est-ce que cela pour celui qui fait des dieux ? À l’autel, le souverain fléchit le genou, et sa tête s’incline sous la main du

  1. Que sont devenues ces notes remises à l’impératrice ? Elles doivent se trouver encore dans ses papiers personnels, qui ont été conservés. Quoique nos démarches pour nous en assurer n’aient point abouti jusqu’à présent, nous ne désespérons pas encore.
  2. Naigeon avait cité le passage concernant notre faculté de théologie ci-dessus, page 438. C’est avec ce passage et ce qui va suivre, jusqu’à «… le prêtre donne… », que l’éditeur Brière a essayé de reconstituer cette faculté.
  3. Le ludion. Voyez un cours quelconque de physique.