Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/525

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destinée à la défense de la religion contre les athées, les déistes, les juifs et les mahométans.

On ne manque pas d’excellents ouvrages sur cette matière ; l’Angleterre et la France en ont produit sans nombre d’après lesquels il serait aisé de composer un bon livre classique.

Le traité latin du professeur Hoocke[1] pourrait servir de base et de modèle.

Le second professeur de théologie dogmatique s’attacherait à exposer clairement et succinctement les dogmes de la religion et leurs preuves.

Les seuls points sur lesquels il importerait peut-être d’insister un peu davantage seraient la divinité de Jésus-Christ avec sa présence réelle dans l’Eucharistie ; l’un est la base de la croyance et du culte chrétien, l’autre le sujet principal du grand schisme. Il serait honteux que le prêtre restât muet devant le socinien qu’il rencontrera à chaque pas, et devant le luthérien et le calviniste dont il est environné.

Dans une contrée où le culte oblige à la confession, qui est assez bonne quand elle est faite par un pénitent sincère et entendue par un honnête homme, et où l’on va demander au premier venu l’absolution qui est toujours mauvaise, il faut deux professeurs de la science des conseils, du jugement des actions et de la nature des réparations et expiations.

Ce qui regarde l’ordre politique n’appartient point à la théologie. Le premier de ces maîtres établirait et développerait les principes de la loi naturelle, mais relativement à la conscience. Il traiterait de la nature des lois, de leur origine, de l’obligation qu’elles produisent, des causes qui la suspendent ou la font cesser ; du serment, des contrats, etc.

Le second entrerait dans le détail des devoirs communs à tous les hommes, et ses leçons ne seraient scrupuleusement qu’un commentaire raisonné du Décalogue et des commandements de l’Église, de même que celles de son collègue ne seraient scrupuleusement qu’un commentaire raisonné du symbole.

Il traiterait ensuite des préceptes de l’Église et des peines ecclésiastiques, évitant toutes les ridicules et dangereuses sub-

  1. Luce-Joseph Hooke, d’origine anglaise ; son livre est intitulé : Religionis naturalis revelatæ et catholicæ Principia, in usum Academiæ juventutis. Paris, 1754 et 1774.