Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/535

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sera moins lassé de quatre leçons différentes[1] par jour que d’une seule qui remplirait la durée de quatre.


DES ÉLÈVES.

Il n’y aura point d’âge fixe pour être reçu dans les écoles. L’éducation de nos ancêtres ne précédait guère l’âge de quinze ans ; avant que de s’occuper de la culture de l’esprit ils songeaient à la force du corps.

On exigera seulement que l’enfant qui se présente soit instruit de ce qu’on doit avoir appris ou dans la maison paternelle ou dans les petites écoles.

On examinera s’il sait bien lire, si son caractère d’écriture est bon, s’il sait orthographier passablement, s’il connaît les chiffres de l’arithmétique et s’il n’ignore pas les premiers principes de sa religion.

Il y aura trois sortes d’élèves : des pensionnaires, des boursiers et des externes.

Les pensionnaires habitent le collège, y sont logés, instruits et nourris aux frais des parents.

Les externes n’y sont qu’instruits. Ils sortent de la maison de leurs parents pour venir aux écoles, et au sortir des écoles ils retourneront chez leurs parents.

Les boursiers, commensaux du collège, ne diffèrent des pensionnaires qu’en ce qu’ils sont logés, vêtus, nourris, instruits, défrayés de toutes dépenses par la bienfaisance de quelque homme riche qui a fondé les places qu’ils occupent.

On ne peut trop encourager les grands seigneurs à un aussi digne emploi de leur superflu. Sa Majesté impériale ne manquera certainement pas de leur en donner l’exemple.

Mais il ne faut pas absolument que ces places ou bourses soient à la nomination des fondateurs ; on rejettera leurs offres, ou ils renonceront à un privilège qui remplirait une école d’ineptes protégés.

Ces bourses seront mises au concours public ou accordées à un mérite constaté par un examen rigoureux. Il ne faut pas perdre du temps et des soins à cultiver l’esprit bouché d’un

  1. Oratoriæ institutionis lib. I, cap. xii.