Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/216

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mirzoza.

Et qui est-ce qui nous jouera cela ?

le sultan.

Mais quelqu’un des disciples du brame noir ; celui entre les mains duquel son instrument oculaire est resté. Mais en avez-vous assez ?

mirzoza.

Y en a-t-il encore beaucoup ?…

le sultan.

Non ; encore quelques pages, et vous en serez quitte…

mirzoza.

Lisez-les.

le sultan.

« J’en étais là, dit mon journal, lorsque la porte du cabinet où la mère était entrée, s’ouvrit, et m’offrit une figure si étrangement déguisée, que je ne la reconnus pas. Sa coiffure pyramidale et ses mules en échasses l’avaient agrandie d’un pied et demi ; elle avait avec cela une palatine blanche, un mantelet orange, une robe de velours ras bleu pâle, un jupon couleur de chair, des bas soufre, et des mules petit-gris ; mais ce qui me frappa surtout, ce fut un panier pentagone, à angles saillants et rentrants, dont chacun portait une toise de projection. Vous eussiez dit que c’était un donjon ambulant, flanqué de cinq bastions. L’une des filles parut ensuite.

« Miséricorde ! s’écria la mère, qui est-ce qui vous a ajustée de la sorte ? Retirez-vous ! vous me faites horreur. Si l’heure du bal n’était pas si proche, je vous ferais déshabiller. J’espère du moins que vous vous masquerez. » Puis, s’adressant à la cadette : « Pour cela, » dit-elle, en la parcourant de la tête aux pieds, « voilà qui est raisonnable et décent. »

« Cependant monsieur, qui avait aussi fait sa toilette après sa médianoche, se montra avec un chapeau couleur de feuille morte, sous lequel s’étendait une longue perruque en volutes, un habit de drap à double broche, avec des parements en carré long, d’un pied et demi chacun ; cinq boutons par devant, quatre poches, mais point de plis ni de paniers ; une culotte et des bas chamois ; des souliers de maroquin vert ; le tout tenant ensemble, et formant un pantalon. »