« Souffrez, mesdames, leur dit-il, que je vous fasse la révérence et que je me retire. Vous pouviez vous dispenser de m’appeler d’une lieue pour plaisanter à mes dépens.
— Arrêtez, mon cher, arrêtez, lui dit Zélide en continuant de rire. Ce n’était point notre dessein. Mais, faute de nous entendre, il vous est venu des idées si burlesques…
— Il ne tient qu’à vous, mesdames, que j’en aie enfin de plus justes. De quoi s’agit-il ?
— Oh ! mons Frénicol, souffrez que je rie tout à mon aise avant que de vous répondre. »
Zélide rit à s’étouffer. Le bijoutier songeait en lui-même qu’elle avait des vapeurs ou qu’elle était folle, et prenait patience. Enfin, Zélide cessa.
« Eh bien ! lui dit-elle, il est question de nos bijoux ; des nôtres, entendez-vous, monsieur Frénicol ? Vous savez apparemment que, depuis quelque temps, il y en a plusieurs qui se sont mis à jaser comme des pies ; or, nous voudrions bien que les nôtres ne suivissent point ce mauvais exemple.
— Ah ! j’y suis maintenant ; c’est-à-dire, reprit Frénicol, qu’il vous faut une muselière…
— Fort bien, vous y êtes en effet. On m’avait bien dit que monsieur Frénicol n’était pas un sot…
— Madame, vous avez bien de la bonté. Quant à ce que vous me demandez, j’en ai de toutes sortes, et de ce pas je vais vous en chercher. »
Frénicol partit ; cependant Zélide embrassait son amie et la remerciait de son expédient : et moi, dit l’auteur africain, j’allai me reposer en attendant qu’il revînt.
CHAPITRE XXI.
retour du bijoutier.
Le bijoutier revint et présenta à nos dévotes deux muselières des mieux conditionnées.
« Ah ! miséricorde ! s’écria Zélide. Quelles muselières ! quelles énormes muselières sont-ce là ! et qui sont les malheureuses à qui cela servira ? Cela a une toise de long. Il faut, en