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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/253

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loi si fæmina ff. de vi C. calumniatrix. Le sultan inclinait pour la prison perpétuelle. Mirzoza, trouvant trop de rigueur dans l’un de ces jugements, et trop d’indulgence dans l’autre, condamna le bijou de Fatmé au cadenas. L’instrument florentin lui fut appliqué publiquement, et sur l’échafaud même dressé pour l’exécution de Kersael. Elle passa de là dans une maison de force, avec les matrones qui avaient décidé dans cette affaire avec tant d’intelligence.

CHAPITRE XXIX.

métaphysique de mirzoza.

les âmes.

Tandis que Mangogul interrogeait les bijoux d’Haria, des veuves et de Fatmé, Mirzoza avait eu le temps de préparer sa leçon de philosophie. Une soirée que la Manimonbanda faisait ses dévotions, qu’il n’y avait ni tables de jeu, ni cercle chez elle, et que la favorite était presque sûre de la visite du sultan, elle prit deux jupons noirs, en mit un à l’ordinaire, et l’autre sur ses épaules, passa ses deux bras par les fentes, se coiffa de la perruque du sénéchal de Mangogul et du bonnet carré de son chapelain, et se crut habillée en philosophe, lorsqu’elle se fut déguisée en chauve-souris.

Sous cet équipage, elle se promenait en long et en large dans ses appartements, comme un professeur du Collège royal qui attend des auditeurs. Elle affectait jusqu’à la physionomie sombre et réfléchie d’un savant qui médite. Mirzoza ne conserva pas longtemps ce sérieux forcé. Le sultan entra avec quelques-uns de ses courtisans, et fit une révérence profonde au nouveau philosophe, dont la gravité déconcerta celle de son auditoire, et fut à son tour déconcertée par les éclats de rire qu’elle avait excités.

« Madame, lui dit Mangogul, n’aviez-vous pas assez d’avantages du côté de l’esprit et de la figure, sans emprunter celui de la robe ? Vos paroles auraient eu, sans elle, tout le poids que vous leur eussiez désiré.

— Il me paraît, seigneur, répondit Mirzoza, que vous ne la