Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/390

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Ce conte est de la même époque que les Bijoux indiscrets. Les mêmes personnages s’y retrouvent, mais la licence y est beaucoup moindre. Il resta inconnu jusqu’à la publication qu’en fit Naigeon dans son édition des Œuvres de Diderot en 1798. C’était lui que cherchait M. Berrier, le lieutenant de police, quand Mme Diderot lui répondit qu’elle ne connaissait de son mari « ni pigeon noir, ni pigeon blanc, » et que d’ailleurs elle ne le croyait pas capable d’attaquer le roi, comme on l’en accusait à l’occasion de ce conte. On jugera si la femme du philosophe avait raison. Pour nous, il ne nous paraît y avoir là, comme dans les Bijoux, que des rapprochements trop vagues entre Mangogul et Louis XV, pour permettre de soutenir une opinion qui rendrait criminels tous les romans du xviiie siècle aussi bien que toutes les féeries du xixe. Il faut toujours qu’il arrive un moment, dans l’histoire des peuples, où, la civilisation se répandant, le principe d’autorité se montre sous son vrai jour. On s’aperçoit alors que les rois sont des hommes, et quand une fois tout le monde le sait, les écrivains qui le disent, ne faisant plus que broder un lieu commun, n’ont ni mérite ni démérite : ils n’ont qu’un peu plus ou un peu moins d’esprit.

Nous pensons n’avoir pas besoin d’expliquer au lecteur l’allégorie de l’Oiseau blanc ; ils l’apercevront, sans aucun doute, avant la Sultane.