ministère japonais, la fée souffla sur l’oiseau blanc ; et il redevint le prince Génistan. Ces prodiges s’opéraient dans le cabinet de Zambador, son père ; les courtisans, presque tous amis du génie Rousch (dans la langue du pays, Menteur), furent fâchés de revoir Le prince ; mais aucun n’osa se montrer mécontent, et tout se passa bien.
Zambador était fort curieux d’apprendre de quelle manière son fils était devenu pigeon. Le prince se prépara à le satisfaire, et dit ce qui suit :
« Vous souvient-il, très respectable sultan, que quand l’impératrice, ma mère, eut quarante ans, vous la reléguâtes dans un vieux palais abandonné, sur les bords de la mer, sous prétexte qu’elle ne pouvait plus avoir d’enfants ; qu’il fallait assurer la succession au trône, et qu’il était à propos qu’elle priât les pagodes, en qui elle avait toujours eu grande dévotion, de vous en envoyer avec la nouvelle épouse que vous vous proposiez de prendre ? La bonne dame ne donna point dans vos raisons, et ne pria pas ; elle ne crut pas devoir hasarder la réputation dont elle jouissait, d’obtenir d’en haut de la pluie, du beau temps, des enfants, des melons, tout te qu’elle demandait : elle craignit qu’on ne dît qu’il ne lui restait de crédit, ni sur la terre, ni dans les cieux ; car elle savait bien que, si elle n’était plus assez jeune pour vous, vous seriez trop vieux pour une autre.
— Mon fils, dit Zambador, vous êtes un étourdi ; vous parlez comme votre mère, qui n’eut jamais le sens commun. Savez-vous que tandis que vous couriez les champs avec vos plumes, j’ai fait ici des enfants ? »
Cela pouvait n’être pas exactement vrai ; mais quand de petits princes sont au monde, c’est le point principal ; qu’ils soient de leur père ou d’un autre, les grands-pères en sont toujours fort contents.
Le prince répara sa faute, et dit à son père qu’il était charmé qu’il fût toujours en bonne santé ; puis il ajouta : « Prenez donc la peine de vous rappeler ce qui se passa à la cour de Tongut. Lorsque vous m’y envoyâtes avec le titre d’ambassadeur, demander pour vous la princesse Lirila, ce qui signifie dans la langue du pays, l’Indolente ou l’Assoupie, vous m’en voulûtes