Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/79

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aussi pénible que celle des coupables, les souffrances de ceux-ci ne paraîtraient plus un supplice, et des malheureux presque aussi à plaindre n’en seraient point effrayés.


« La peine de mort décernée contre un déserteur, au moins dans la plupart des cas, n’a rien d’infamant. » (Note de Morellet, chap. xvi.)

La punition de mort ne se gradue point. C’est la cessation de la vie, et pour l’enfant de dix-huit ans et pour l’homme de soixante. Cela n’est pourtant pas indifférent.

Quand on met à mort un homme de trente ans, on ne sait ce qu’on fait. On n’a pas compté que cet homme est le seul survivant de vingt hommes. Le législateur criminel ignore le prix de la vie d’un homme de trente ans.


« De l’Infamie, chap. xviii. »

Je désirerais que l’auteur eût fait sentir l’imprudence de rendre l’homme infâme, et de le laisser libre. Cette méthode absurde peuple nos forêts d’assassins.


« Lorsqu’on a la force de se défendre, on n’achète pas les secours d’autrui. » Chap. xxii.

Il n’y a point de force à laquelle un homme ne puisse échapper, et alors la force n’est plus la force. Je voudrais que l’usage de mettre la tête à prix fût réservé pour les crimes les plus atroces, et surtout pour celui qui tend immédiatement à la dissolution, et à la destruction de la société


Ici finissent les notes de Diderot.


Voilà, dit-il en terminant, tout ce que je trouve à redire dans ce bel ouvrage, plein de génie et de vertu. Il est essentiel pour l’humanité qu’il soit porté à sa perfection, et convaincant d’un bout à l’autre, même pour le vulgaire ; car c’est par le vulgaire que les vérités utiles sont obligées de passer, pour arriver, comme un cri public, aux oreilles du gouvernement.