Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

OBSERVATIONS


SUR LES SAISONS


POËME


PAR M. DE SAINT-LAMBERT[1]


1769




Ce poëme est précédé d’un discours et suivi de trois petits romans ou contes, de plusieurs pièces fugitives et de quelques fables orientales.

Après avoir joui du plus grand éclat au moment de son apparition, cet ouvrage semble être entièrement tombé dans l’oubli. C’est, à mon sens, une double injustice : car peut-être mérite-t-il encore moins les dédains affectés des uns que les éloges outrés des autres. Je l’ai lu et relu, et quoique le ton de l’auteur avec moi soit plutôt celui de la protection que de l’amitié, je ne m’en crois pas moins obligé de parler de son ouvrage avec impartialité ; c’est même dans mes principes une raison de plus pour tenir la balance parfaitement égale. Peut-être serais-je plus indulgent, et par conséquent moins juste, s’il était mon ami[2]. Je me suis préparé au jugement que je vais porter des Saisons, par la lecture des Géorgiques de Virgile. Naigeon me l’avait conseillé autrefois, et il avait raison[3].

  1. Le poëme des Saisons, attendu depuis quinze ou vingt ans, parut à la fin de 1768 sous la date de 1769 ; Diderot en parla presque immédiatement dans la Correspondance de Grimm (15 février 1769). Grimm entremêla son analyse de réflexions personnelles. Nous relèverons les plus intéressantes.
  2. Dans l’édition Taschereau de la Correspondance, on lit, au contraire, à la place de cette série de phrases un peu entortillées : « Je l’ai lu et relu, et quoique je sois lié d’amitié avec l’auteur, j’en parlerai sans partialité. » Il n’est pas question non plus du conseil de Naigeon, qui pourrait bien avoir fait ajouter par Diderot, s’il ne l’a point ajouté lui-même, ce membre de phrase pour avoir le droit de citer les deux lettres qu’il a mises en note. En réalité, Saint-Lambert et Diderot étaient en bons termes.
  3. Pour réunir ici ce que Diderot pensait du poëme de Saint-Lambert, je vais rapporter deux passages extraits de deux lettres qu’il m’écrivit en 1769. Je lui avais