Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/396

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M. Jules Janin enfin a essayé de continuer l’œuvre de Diderot dans un livre intitulé : la Fin d’un monde et du Neveu de Rameau. En terminant son avant-propos, l’auteur dit que le lecteur trouvera dans « sa déclamation, selon l’expression de Salluste l’historien, suffisamment de babil et peu de bon sens, loquentiæ satis, sapientiæ parum. « Nous dirons, nous, qu’il y a beaucoup d’esprit, beaucoup de verve, une connaissance extraordinaire de toutes les choses, de tous les mots et de tous les noms propres du XVIIIe siècle, avec nombre d’anachronismes, des idées qui n’étaient pas celles de Diderot et une conclusion qui, certes, lui eût été formellement antipathique.

Il peut être bon de remarquer en terminant que le Pauvre Diable de Voltaire et le Neveu de Rameau sont de la même époque.

Les Allemands n’ont pas oublié le jugement de Goethe sur ce livre, et la meilleure preuve, c’est qu’il en a paru une nouvelle traduction en 1864, à Berlin.


En reportant la date de la rédaction primitive de cette satire à 1762, nous nous sommes appuyé sur plusieurs petits faits tels que ceux de la mort de la femme de Rameau, de l’âge de la fille de Diderot, etc., consignés évidemment dans le premier jet. Quant à celle de la révision, elle est certainement postérieure à 1773, et la mention du fils Fréron nous ferait croire qu’elle a eu lieu au moment même (1779) où les injures les plus violentes étaient adressées au philosophe, dans l’année littéraire, à propos de son Essai sur Sénèque. À ce moment Fréron père était mort, Fréron fils, né en 1765, n’était pas encore en état d’écrire, mais il avait le privilège du journal et il était en quelque sorte responsable de ce qui s’y écrivait.