Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jacques.

Nous ne suivons personne.

L’hôtesse.

Ils vont, ou ils s’arrêtent, selon les affaires qu’ils ont sur la route ?

Jacques.

Nous n’en avons aucune.

L’hôtesse.

Ces messieurs voyagent pour leur plaisir ?

Jacques.

Ou pour leur peine.

L’hôtesse.

Je souhaite que ce soit le premier.

Jacques.

Votre souhait n’y fera pas un zeste ; ce sera selon qu’il est écrit là-haut.

L’hôtesse.

Oh ! c’est un mariage ?

Jacques.

Peut-être que oui, peut-être que non.

L’hôtesse.

Messieurs, prenez-y garde. Cet homme qui est là-bas, et qui a si rudement traité ma pauvre Nicole, en a fait un bien saugrenu… Viens, ma pauvre bête ; viens que je te baise ; je te promets que cela n’arrivera plus. Voyez comme elle tremble de tous ses membres !

Le maître.

Et qu’a donc de si singulier le mariage de cet homme ?

À cette question du maître de Jacques, l’hôtesse dit : « J’entends du bruit là-bas, je vais donner mes ordres, et je reviens vous conter tout cela… » Son mari, las de crier : « Ma femme, ma femme », monte, et avec lui son compère qu’il ne voyait pas. L’hôte dit à sa femme : « Eh ! que diable faites-vous là ?… » Puis se retournant et apercevant son compère : M’apportez-vous de l’argent ?

Le compère.

Non, compère, vous savez bien que je n’en ai point.