Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/139

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— Cela me suffit ; retournez-vous-en ; vous ne tarderez pas à les recevoir. En attendant, défaites-vous de vos meubles, vendez tout, ne réservez pas même vos robes, si vous en avez de voyantes : cela ne cadrerait point à mes vues. »

Jacques, qui commençait à s’intéresser, dit à l’hôtesse : Et si nous buvions à la santé de Mme de La Pommeraye ?

L’hôtesse.

Volontiers.

Jacques.

Et à celle de Mme d’Aisnon.

L’hôtesse.

Tôpe.

Jacques.

Et vous ne refuserez pas celle de Mlle d’Aisnon, qui a une jolie voix de chambre, peu de talent pour la danse, et une mélancolie qui la réduit à la triste nécessité d’accepter un nouvel amant tous les soirs.

L’hôtesse.

Ne riez pas, c’est la plus cruelle chose. Si vous saviez le supplice quand on n’aime pas !…

Jacques.

À Mlle d’Aisnon, à cause de son supplice.

L’hôtesse.

Allons.

Jacques.

Notre hôtesse, aimez-vous votre mari ?

L’hôtesse.

Pas autrement.

Jacques.

Vous êtes donc bien à plaindre ; car il me semble d’une belle santé.

L’hôtesse.

Tout ce qui reluit n’est pas or.

Jacques.

À la belle santé de notre hôte.

L’hôtesse.

Buvez tout seul.

Le maître.

Jacques, Jacques, mon ami, tu te presses beaucoup.