Si, dans la chaumière où nous trouvâmes les coquins, Jacques n’avait pas valu un peu mieux que son maître…
Jacques, vous êtes un insolent : vous abusez de ma bonté. Si j’ai fait la sottise de vous tirer de votre place, je saurai bien vous y remettre. Jacques, prenez votre bouteille et votre coquemar, et descendez là-bas.
Cela vous plaît à dire, monsieur ; je me trouve bien ici, et je ne descendrai pas là-bas.
Je te dis que tu descendras.
Je suis sûr que vous ne dites pas vrai. Comment, monsieur, après m’avoir accoutumé pendant dix ans à vivre de pair à compagnon…
Il me plaît que cela cesse.
Après avoir souffert toutes mes impertinences…
Je n’en veux plus souffrir.
Après m’avoir fait asseoir à table à côté de vous, m’avoir appelé votre ami…
Vous ne savez pas ce que c’est que le nom d’ami donné par un supérieur à son subalterne.
Quand on sait que tous vos ordres ne sont que des clous à soufflet, s’ils n’ont été ratifiés par Jacques ; après avoir si bien accolé votre nom au mien, que l’un ne va jamais sans l’autre, et que tout le monde dit Jacques et son maître ; tout à coup il vous plaira de les séparer ! Non, monsieur, cela ne sera pas. Il est écrit là-haut que tant que Jacques vivra, que tant que son maître vivra, et même après qu’ils seront morts tous deux, on dira Jacques et son maître.