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LETTRE
À MONSIEUR L’ABBÉ GALIANI
SUR
LA SIXIÈME ODE DU TROISIÈME LIVRE D’HORACE
1773


Vous croyez, monsieur et cher abbé, que je vais vous parler de moi et de tous les honnêtes gens que vous avez quittés avec tant de regrets, et qui vous reverraient avec tant de plaisir ; du vide que vous avez laissé dans la synagogue de la rue Royale[1] ; de nos affaires publiques et particulières ; de l’état actuel des sciences et des arts parmi nous ; de nos académies et de nos coulisses ; de nos acteurs, de nos catins et de nos auteurs. Cela serait peut-être plus amusant qu’une querelle d’érudition ; mais cette querelle s’est élevée entre M. Naigeon et moi sur la sixième ode du troisième livre d’Horace, qui commence par cette strophe :

Delicta majorum immeritus lues,
Romane, donec templa refeceris.

............

Nous vous avons choisi pour juge, et vous nous jugerez, s’il vous plaît.

Jusqu’à présent on a traduit la première strophe de la manière qui suit : « Romain, tu seras châtié sans l’avoir mérité, des fautes de tes ancêtres, tant que tu ne relèveras pas les temples qu’ils ont élevés, et que tu laisses tomber en ruine ; tant que tu ne répareras pas les édifices sacrés, et que les simulacres des dieux resteront noircis et gâtés par la fumée. »

  1. C’est-à-dire chez d’Holbach, qui habitait rue Royale (butte Saint-Roch).