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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/468

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LES


JÉSUITES CHASSÉS D’ESPAGNE[1]


PRÉCIS HISTORIQUE RÉDIGÉ PAR M. DIDEROT
SUR DES MÉMOIRES QUI LUI ONT ÉTÉ FOURNIS PAR UN ESPAGNOL


1782




Don Carlos, roi de Naples, ne permit point aux jésuites d’approcher de sa personne, et l’on ne douta plus de son aversion pour cette société, lorsqu’il fit solliciter à Rome la canonisation de don Juan de Palafox.

Don Juan de Palafox descendait d’une des plus anciennes familles espagnoles. Savant et pieux, il avait mérité, par ses qualités, que Philippe II le nommât à l’évêché nouvellement érigé dans l’Amérique, de los Angelos de la Puebla. Il y devint le concurrent des jésuites qui avaient passé dans ce canton, munis de bulles qui les autorisaient à y exercer les fonctions de l’épiscopat ; il crut leurs privilèges suspendus par sa nomination, ce qui suscita de violentes contestations entre ces Pères et lui. Ni le roi d’Espagne, ni les souverains pontifes ne réussirent à les dépouiller de leurs chimériques prétentions ; car ils avaient gagné le peuple, et Palafox mourut le martyr de la persécution de ces moines ambitieux.

Don Carlos monta sur le trône d’Espagne en 1759 ; ce fut alors que les plaintes des gouverneurs et des négociants de l’Amérique éclatèrent. Le vice-roi de Lima et le gouverneur de Quito représentèrent que le procureur général des jésuites à

  1. Cette expulsion eut lieu en 1767, c’est ce qui explique la date de 1768 donnée dans l’édition de Brière aux deux morceaux qui suivent. Mais la Correspondance de Grimm les place, avec le titre que nous avons rétabli, sous la date d’octobre 1782 ; et d’ailleurs, il y est question de faits de la vie d’Olavidès qui ne se sont passés qu’en 1780.