Je vous l’ordonne.
Lorsque vous avez voulu ma mère, lorsque toute la famille se souleva contre vous, lorsque mon grand-papa[1] vous appela enfant ingrat, et que vous l’appelâtes, au fond de votre âme, père cruel ; qui de vous deux avait raison ? Ma mère était vertueuse et belle comme Sophie ; elle était sans fortune, comme Sophie ; vous l’aimiez comme j’aime Sophie ; souffrîtes-vous qu’on vous l’arrachât, mon père, et n’ai-je pas un cœur aussi ?
J’avais des ressources, et votre mère avait de la naissance.
Qui sait encore ce qu’est Sophie ?
Chimère !
Des ressources ! L’amour, l’indigence, m’en fourniront.
Craignez les maux qui vous attendent.
Ne la point avoir, est le seul que je redoute.
Craignez de perdre ma tendresse.
Je la recouvrerai.
Qui vous l’a dit ?
Vous verrez couler les pleurs de Sophie ; j’embrasserai vos genoux ; mes enfants vous tendront leurs bras innocents, et vous ne les repousserez pas.
Il me connaît trop bien… (Après une petite pause, il prend l’air et le ton le plus sévère, et dit :) Mon fils, je vois que je vous parle en vain,
- ↑ À la représentation on disait : lorsque votre père.