Une fille de rien !
Qui m’a appris à mépriser tout ce qui vous enchaîne et vous avilit.
N’as-tu point de honte ?
De la honte ?
Toi, fils de M. d’Orbesson ! neveu du Commandeur d’Auvilé !
Moi, fils de M. d’Orbesson, et votre neveu.
Voilà donc les fruits de cette éducation merveilleuse dont ton père était si vain ? Le voilà ce modèle de tous les jeunes gens de la cour et de la ville ?… Mais tu te crois riche peut-être ?
Non.
Sais-tu ce qui te revient du bien de ta mère ?
Je n’y ai jamais pensé ; et je ne veux pas le savoir.
Écoute. C’était la plus jeune de six enfants que nous étions ; et cela dans une province où l’on ne donne rien aux filles. Ton père, qui ne fut pas plus sensé que toi, s’en entêta et la prit. Mille écus de rente à partager avec ta sœur, c’est quinze cents francs pour chacun ; voilà toute votre fortune.
J’ai quinze cents livres de rente ?
Tant qu’elles peuvent s’étendre.
Ah, Sophie ! vous n’habiterez plus sous un toit ! vous ne sentirez plus les atteintes de la misère. J’ai quinze cents livres de rente !