Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/249

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Cécile, vous et moi, chercher le bonheur loin de ceux qui nous entourent et nous tyrannisent.

germeuil.

Qu’ai-je entendu ?… Il ne me manquait plus que cette confidence… Qu’osez-vous entreprendre ; et que me conseillez-vous ? C’est ainsi que je reconnaîtrais les bienfaits dont votre père m’a comblé depuis que je respire ? Pour prix de sa tendresse, je remplirais son âme de douleur ; et je l’enverrais au tombeau, en maudissant le jour qu’il me reçut chez lui !

saint-albin.

Vous avez des scrupules ; n’en parlons plus.

germeuil.

L’action que vous me proposez, et celle que vous avez résolue, sont deux crimes… (Avec vivacité.) Saint-Albin, abandonnez votre projet… Vous avez encouru la disgrâce de votre père, et vous allez la mériter ; attirer sur vous le blâme public ; vous exposer à la poursuite des lois ; désespérer celle que vous aimez… Quelles peines vous vous préparez !… Quel trouble vous me causez !…

saint-albin.

Si je ne peux compter sur votre secours, épargnez-moi vos conseils.

germeuil.

Vous vous perdez.

saint-albin.

Le sort en est jeté.

germeuil.

Vous me perdez moi-même : vous me perdez… Que dirai-je à votre père lorsqu’il m’apportera sa douleur ?… à votre oncle ?… Oncle cruel ! Neveu plus cruel encore !… Avez-vous dû me confier vos desseins ?… Vous ne savez pas… Que suis-je venu chercher ici ?… Pourquoi vous ai-je vu ?…

saint-albin.

Adieu, Germeuil, embrassez-moi, je compte sur votre discrétion.

germeuil.

Où courez-vous ?

saint-albin.

M’assurer le seul bien dont je fasse cas, et m’éloigner d’ici pour jamais.