Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/256

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peut les tenir trop loin… Homme[1], éloignez-vous de moi… Vous vous en allez, je crois ?

germeuil.

Je vous obéis.

cécile.

Fort bien. Après m’avoir mise dans la position la plus cruelle, il ne vous reste plus qu’à m’y laisser. Allez, monsieur, allez.

germeuil.

Que je suis malheureux !

cécile.

Vous vous plaignez, je crois ?

germeuil.

Je ne fais rien qui ne vous déplaise.

cécile.

Vous m’impatientez… Songez que je suis dans un trouble qui ne me laissera rien prévoir, rien prévenir. Comment oserai-je lever les yeux devant mon père ? S’il s’aperçoit de mon embarras, et qu’il m’interroge, je ne mentirai pas. Savez-vous qu’il ne faut qu’un mot inconsidéré pour éclairer un homme tel que le Commandeur ?… Et mon frère !… je redoute d’avance le spectacle de sa douleur. Que va-t-il devenir lorsqu’il ne retrouvera plus Sophie ?… Monsieur, ne me quittez pas un moment, si vous ne voulez pas que tout se découvre… Mais on vient : allez… restez… Non, retirez-vous… Ciel ! dans quel état je suis !



Scène IV.


CÉCILE, LE COMMANDEUR.
le commandeur, à sa manière.

Cécile, te voilà seule ?

cécile, d’une voix altérée.

Oui, mon cher oncle. C’est assez mon goût.

  1. Variante : « Que les hommes sont dangereux !… Éloignez-vous de moi. » Édition conforme à la représentation.