Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/258

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le commandeur.

Mais tu ne me demandes pas ce qu’il faudrait faire.

cécile.

Vous ne me le laisserez pas ignorer.

le commandeur.

Tu as raison. Eh bien ! il faudrait te rapprocher de Germeuil. C’est un mariage auquel tu penses bien que ton père ne consentira pas sans la dernière répugnance. Mais je parlerai, je lèverai les obstacles. Si tu veux, j’en fais mon affaire.

cécile.

Vous me conseilleriez de penser à quelqu’un qui ne serait pas du choix de mon père ?

le commandeur.

Il n’est pas riche. Tout tient à cela. Mais, je te l’ai dit, ton frère ne m’est plus rien ; et je vous assurerai tout mon bien. Cécile, cela vaut la peine d’y réfléchir.

cécile.

Moi, que je dépouille mon frère !

le commandeur.

Qu’appelles-tu, dépouiller ? Je ne vous dois rien. Ma fortune est à moi ; et elle me coûte assez pour en disposer à mon gré.

cécile.

Mon oncle, je n’examinerai point jusqu’où les parents sont les maîtres de leur fortune, et s’ils peuvent, sans injustice, la transporter où il leur plaît. Je sais que je ne pourrais accepter la vôtre sans honte ; et c’en est assez pour moi.

le commandeur.

Et tu crois que Saint-Albin en ferait autant pour sa sœur !

cécile.

Je connais mon frère ; et s’il était ici, nous n’aurions tous les deux qu’une voix.

le commandeur.

Et que me diriez-vous ?

cécile.

Monsieur le Commandeur, ne me pressez pas ; je suis vraie.