Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/274

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frappé. Il me punit dans cet objet de ma faiblesse… j’en mourrai… Cruels enfants ! c’est mon souhait… c’est le vôtre…

Cécile, s’approchant de son père en sanglotant.

Ah !… ah !…

Le Père de famille.

Consolez-vous… vous ne verrez pas longtemps mon chagrin… Je me retirerai… j’irai dans quelque endroit ignoré attendre la fin d’une vie qui vous pèse[1].

Cécile, avec douleur et saisissant les mains de son père.

Si vous quittez vos enfants, que voulez-vous qu’ils deviennent ?

Le Père de famille, après un moment de silence.

Cécile, j’avais des vues sur vous… Germeuil… Je disais, en vous regardant tous les deux : Voilà celui qui fera le bonheur de ma fille… elle relèvera la famille de mon ami.

Cécile, surprise.

Qu’ai-je entendu ?

Saint-Albin, se tournant avec fureur.

Il aurait épousé ma sœur ! je l’appellerais mon frère ! lui !

Le Père de famille.

Tout m’accable à la fois… il n’y faut plus penser.



Scène V


CÉCILE, SAINT-ALBIN, LE PÈRE DE FAMILLE, GERMEUIL.
Saint-Albin.

Le voilà, le voilà ; sortez, sortez tous.

Cécile, en courant au-devant de Germeuil.

Germeuil, arrêtez ; n’approchez pas. Arrêtez.

Le Père de famille, en saisissant son fils par le milieu du corps et l’entraînant hors de la salle.

Saint-Albin… mon fils… (Cependant, Germeuil s’avance d’une démarche ferme et tranquille ; Saint-Albin, avant que de sortir, détourne la tête et fait signe à Germeuil.)

  1. À la représentation cette dernière phrase était supprimée.