Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/440

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LEUSON.

J’allais vous faire compliment sur le bonheur dont vous avez joué à la dernière séance. Pauvre Beverley ! Au demeurant, vous êtes son ami, et c’est toujours une consolation dans le malheur d’avoir des amis heureux.

STUKELY.

Monsieur, ne pourriez-vous pas être plus clair ?

LEUSON.

Assurément. Je veux vous dire que si Beverley s’est ruiné, vous vous êtes enrichi, et voilà tout.

STUKELY.

Il ne serait pas difficile de voir plus loin dans ce propos ; mais il faut attendre l’occasion de vous en demander un plus ample éclaircissement.

LEUSON.

Pourquoi attendre ? nous voilà. Je suis laconique, c’est une affaire de deux minutes à dire.

STUKELY.

Il m’en faut un peu plus pour entendre. J’ai quelquefois de la peine à saisir. La présence d’une femme aimable suffit pour me distraire. Mais vous me trouverez chez moi une autre matinée ; celle qu’il vous plaira. Nous aurons plus de temps et moins de monde.

LEUSON.

Très-volontiers, comptez sur moi.

STUKELY.

J’y compte aussi. Madame, j’ai l’honneur de vous présenter mon respect. (Stukely sort.)

CHARLOTTE.

Que veut dire ceci ?

LEUSON.

Que je connais cet homme pour ce qu’il est, et que je ne suis pas fâché qu’il s’en doute.

CHARLOTTE.

Vous le connaissez pour ce qu’il est ? Des imaginations, des idées, des suppositions.

LEUSON.

Cela se peut, mais je cours après des preuves certaines, et je ne tarderai pas à les acquérir.