Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/470

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STUKELY.

Peut-être valait-il mieux ne s’en pas souvenir. Voilà ce que c’est que cette franchise de caractère que j’ai ; l’honneur de mon ami m’est aussi cher que le mien, et il vient un moment où je ne me contiens plus. Leuson tient de vous des propos fort singuliers.

BEVERLEY.

Il ne vous ménage pas davantage.

STUKELY.

De moi, qu’il dise tout ce qu’il voudra, je lui pardonne ; mais de mon ami, c’est autre chose.

BEVERLEY.

Et peut-on savoir ce qu’il dit ?

STUKELY.

Que vous avez embarrassé la fortune de Charlotte… Il en parle à qui veut l’entendre.

BEVERLEY.

Il faut lui apprendre à se taire : et d’où cela vous est-il revenu ?

STUKELY.

De tous côtés. Il a questionné Bates ; il jure que vous lui ferez raison.

BEVERLEY.

Ou lui à moi, et bientôt.

STUKELY.

Tâchez de vous modérer. Moins de chaleur, mon ami : les partis pris de sang-froid sont toujours les bons.

BEVERLEY.

Nous y penserons… Où allons-nous ?

STUKELY.

Pourvu que ce soit loin de la misère et de la prison, cela m’est égal. Si la fortune me sourit un moment, vous ne tarderez pas à me revoir.

BEVERLEY.

Mon ami, Soyez heureux. (En lui présentant encore les billets, que Stukely refuse.) Voilà qui est vôtre. Je me le suis dit, et il n’en sera pas autrement. Prenez, et prospérez.