Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/475

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louer, quoique femme ; et qu’en conséquence elle ne se tait pas de monsieur Leuson. Mais je vous laisse éclaircir cela. (Elle sort.)

LEUSON, la regardant aller.

Quelle femme ! quelle femme ? Je suis bien aise d’être seul avec vous. J’ai à vous entretenir de choses qui vous concernent, et qui sont de quelque importance.

CHARLOTTE.

De quoi est-il question ?

LEUSON.

Premièrement, puis-je compter sur une réponse nette et précise à ce que j’ai à vous demander ?

CHARLOTTE.

Sans doute. Mais vous m’alarmez.

LEUSON.

Je mets à tout ceci peut-être un peu trop de solennité. Mais remettez-vous ; il n’y a rien qui m’afflige, ni qui doive par conséquent vous inquiéter.

CHARLOTTE.

Me voilà remise ; et votre question, quelle est-elle ?

LEUSON.

Voici le douzième de ces mois d’éternité et d’ennui, depuis qu’avec une sincérité digne de vous, vous m’avez avoué que je ne vous étais pas indifférent.

CHARLOTTE.

Et ces mois ont été des mois d’éternité, dites-vous, et d’ennui ?

LEUSON.

Et lorsque, autorisé par un aveu si flatteur, je vous parlai de mariage, il me sembla que votre dessein était d’unir votre sort au mien, et vous m’en fîtes librement la promesse.

CHARLOTTE, avec dépit.

Et vous me croyez changée ?

LEUSON.

Point du tout ; je ne survivrais pas à ce malheur. Mais lorsque j’ai pris la liberté de vous rappeler cette promesse, et de vous presser quelquefois d’y satisfaire, des embarras particuliers, la désolation d’une sœur, la ruine d’un frère, et mille autres