Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/493

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impénétrables, la troupe est nombreuse ; il est impossible qu’il ne s’y trouve pas un traître. Bonsoir, mesdames ; je n’ai pas un instant à perdre.

MADAME BEVERLEY.

Ces hommes me désespèrent avec leur emportement ; ils n’entendent rien ; la voix de la raison et de la douceur s’éteint à l’entrée de leurs oreilles ; je tremble des suites. Mais, Charlotte, la nuit s’avance ; allons reprendre les occupations ordinaires de nos soirées.

CHARLOTTE.

J’ai gagné votre teneur. Cependant je me flatte, sans trop savoir pourquoi, que d’ici à demain les choses prendront un aspect moins effrayant.


Scène II.

MADAME BEVERLEY, CHARLOTTE, JARVIS.
CHARLOTTE.

Eh bien ! mon bon monsieur Jarvis, qu’est-ce qu’il y a ?

JARVIS.

Beaucoup de mal, madame, beaucoup.

MADAME BEVERLEY.

Et quel mal, mon ami ? dites vite.

JARVIS.

Madame, les hommes, les hommes ; ils ne sont pas ce qu’ils paraissent ; et j’ai bien peur que votre monsieur Stukely ne soit qu’un méchant.

CHARLOTTE.

Nous savons à quoi nous en tenir là-dessus ; mais vos nouvelles…

JARVIS.

Eh bien ! mademoiselle, c’est qu’il y a une action intentée contre mon maître, au nom de son bon ami.

MADAME BEVERLEY.

L’infâme ! le vilain ! Voilà le sens et l’effet de sa menace ! Mon ami, allez, courez chez Wilson, descendez encore dans cette