Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/495

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distraits, égarés, il se mit à tracer des figures avec la pointe ; puis il se leva, s’arrêta, roulant autour de lui des yeux sombres et hagards. Il parut alors frissonner. Puis comme une femme surprise d’un accès de vapeurs, il se mit à éclater de rire, et cependant des larmes de douleur coulaient de ses yeux. Tel il était lorsqu’il sortit.

STUKELY.

La tête lui a tourné. Il est devenu fou.

BATES.

Oui, fou de désespoir.

STUKELY.

Il faut travailler à l’enfermer. Un cachot est la vraie demeure qui lui convient… Mais j’entends frapper… Si c’était lui… Sors par ce côté… (Bates sort.) Qui est là ?


Scène IV.

STUKELY, LEUSON.
LEUSON.

Un ennemi, un ennemi déclaré !

STUKELY.

Il est bien singulier qu’on prenne ainsi la liberté d’entrer et de m’importuner. Je suis chez moi, et il me semble que j’y devrais être à l’abri de l’insulte.

LEUSON.

D’asiles sacrés pour la scélératesse, il n’y en a point ; la vertu l’attaque partout où il lui plaît. Y aurait-il quelque sécurité pour le lion et le tigre, si le chasseur pouvait pénétrer dans la demeure de l’animal perfide et malfaisant !

STUKELY.

Monsieur, qu’est-ce qu’il y a ? que voulez-vous ?

LEUSON.

Te dire que je te connais… Qu’as-tu ? tu pâlis ! tu te troubles !… Tu as dans le regard et dans le visage la terreur du