Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BEVERLEY.

Propos ordinaires aux lâches. Ils ne balancent point à calomnier ; mais à l’approche du châtiment, ils disent tous : Que voulez-vous dire ? qu’est-ce que cela signifie ? je ne vous entends pas.

LEUSON.

Je suis un lâche, un calomniateur ! moi ! moi ! Comment ai-je pu m’attirer ces injures ? Vous me faites pitié. Adieu ; je vous pardonne.

BEVERLEY.

Ce n’est pas moi, c’est ma réputation qu’il fallait ménager. Mais vous m’avez indignement déchiré. On dit partout que j’ai ruiné ma sœur, et c’est vous qui avez répandu ce mauvais conte.

LEUSON.

Cela n’est pas. Produisez le téméraire qui m’en accuse.

BEVERLEY.

Je vous croyais de la bravoure, et l’âme fort au-dessus d’une basse petite méchanceté… mais je vous connais, et je veux être satisfait. Leuson, ce n’est pas ici le moment de discuter.

LEUSON.

Ni celui de se porter à une action violente. Malheureux, qui pour venger une injure chimérique, voulez percer le cœur d’un homme qui vous aime ! Mais cet homme ne se démentira pas ; il continuera d’écouter la voix de l’amitié ; il ne se laissera point émouvoir ; il méprisera l’ingratitude et son injure ; et il servira celui qui se montre altéré de son sang.

BEVERLEY.

Je vous entends. C’est ainsi qu’il vous convient de réparer vos torts. Vous me faites une offense cruelle, et vous prétendez la réparer par des services. Votre zèle m’est fâcheux.

LEUSON.

Que m’importe, s’il vous est utile.

BEVERLEY.

Je le rejette.

LEUSON.

Vous l’agréerez, s’il vous plaît. Vous ne me connaissez pas encore.