Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/509

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le crime qu’elle porte soit consommé… Tu as vu Bates… dis-moi, qu’en penses-tu ?… A-t-il pris son parti ?… balançait-il encore ?… ou était-il enfin résolu ?…

DAUSON.

D’abord, non. Il souhaitait que votre choix fût tombé sur moi. Il maudissait son cœur lâche et sa main tremblante.

STUKELY.

Étaient-ce là ses dispositions quand il t’a quitté ?

DAUSON.

Non. Nous avons marché dans les ténèbres. À la faveur de l’obscurité profonde, nous nous sommes approchés de Beverley et de Leuson. Ils paraissaient en colère, et se quereller ; mais cela n’a pas duré. Nous les avons quittés. J’ai laissé Bates, et je suis revenu ; mais alors l’assassinat de Leuson était décidé.

STUKELY.

Ce que tu dis me rassure, me rappelle à la vie. Cette querelle… est une circonstance heureuse dont il faut profiter… Ou je suis le dernier des maladroits… ou elle entraînera la mort de Beverley… Oui… cela sera.

DAUSON.

Mais vous ne m’avez pas compris ; ils se sont séparés amis.

STUKELY.

Cette tête, féconde en méchancetés, saura bien les brouiller derechef. Si Leuson meurt, et sa mort, dis-tu, est arrêtée, ce sera de la main de Beverley. Leur querelle, déposée à temps chez un commissaire… Plus de questions, sot. Qu’on exécute seulement mes Ordres. (Il tire un portefeuille de sa poche.) Voilà des billets que je garde depuis quelques jours. J’attendais le moment d’en tirer parti. Il est venu. Prends-les, et les remets à un huissier, et qu’il se hâte d’agir…

DAUSON.

Contre Beverley ?

STUKELY.

Sans doute. Ils sont signés de lui. Ce sont les reconnaissances des sommes que je lui ai prêtées.

DAUSON.

J’entends, et il faut qu’il soit incessamment arrêté et emprisonné.