Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/519

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s’enquit de sa misérable famille… misérable, ce fut son mot… il me demanda comment nous vous trouviez de la détresse de la nuit… si vous auriez la bonté de descendre dans sa prison… Puis il m’ordonna de venir ici… Je le refusai : j’exigeais qu’auparavant il se rendit un peu plus maître de lui-même : il me promit de faire un effort. Il me parut plus à l’aise et un peu remis. Mors je crus pouvoir le quitter. Cependant j’appelai auprès de lui un garçon de la prison : ce garçon doit rester auprès de lui jusqu’à ce que je revienne. Il y a environ une heure que je suis sorti ; je suis accouru le plus vite que j’ai pu : je vous apportais une bonne nouvelle que j’avais recueillie en chemin.

MADAME BEVERLEY.

Quel récit ! Mais nous différons trop ; partons : il ne nous faut point de voiture.

CHARLOTTE.

En voilà une qui arrive à la porte.

JARVIS.

C’est Lucy qui revient, et nous allons partir.

MADAME BEVERLEY.

Et le ramener à la vie, ou mourir tous avec lui.


Scène IV.

La scène change, et le théâtre montre l’appartement de Stukely.
STUKELY, BATES, DAUSON.
STUKELY.

La preuve aura du moins toute la force d’une présomption… S’il en faut davantage pour obtenir une sentence de mort, nous assurerons davantage ; mais nous attendrons qu’on nous y contraigne. Plus nous montrerons de répugnance, plus nous donnerons de poids à notre déposition… Vous savez à présent tout ce que nous avez à faire. Il faut que Beverley périsse… Nous chassons à vue… Point de relâche que l’animal ne soit tombé… S’il ne meurt pas, le châtiment et l’ignominie nous attendent…