Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/521

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

genoux, et dit :) Ô Dieu de la miséricorde ! (Il se relève sur-le-champ, et dit :) Je ne saurais prier… le désespoir a lié mon cœur… je porte la chaîne de fer. Je sens la main de glace… je suis jugé… je suis proscrit… Ô conscience ! conscience !… ne cesseras-tu point ton cri importun ? (Il prend une coupe sur une table, il la regarde, et dit :) Le calme de la conscience est là… Je le vois… breuvage salutaire que la Providence a préparé pour celui qu’elle destinait au malheur et qu’elle aimait encore ; viens, approche de mes lèvres. Baume de la vie, ressource dernière des malheureux, coule vers mon cœur (Il boit et se promène.) El pourquoi le même tombeau qui scelle l’homme, ne scelle-t-il pas aussi sa mémoire ?… Mais si l’on voyait de là le sort et la peine de ceux qu’on a laisses, si on les entendait, quel tourment !… Laissons ces pensées… il n’est plus temps de s’en occuper… Il y eut un temps… le temps est passé pour moi… Qui est-ce ?


Scène VI.

BEVERLEY, JARVIS.
JARVIS.

Quelqu’un qui s’est promis de vous retrouver plus tranquille… Pourquoi vous éloigner, vous détourner de moi ?… Je viens avec la consolation… Ne voyez-vous pas celles qui me suivent ?

BEVERLEY.

Ma femme ! ma sœur ! C’est encore un coup de poignard qu’il faut recevoir. Recevons-le, et que tout soit fini.


Scène VII.

BEVERLEY, JAVIS, MADAME BEVERLEY,
CHARLOTTE.
MADAME BEVERLEY.

Où est-il ? (Elle court, l’embrasse, et dit :) Je le tiens : je le tiens. Dieu soit loué. On ne nous séparera plus. Mon ami, j’ai d’heu-